« Que ce qui doit être soit. »
Il faisait nuit. Une nuit grise et sans étoiles, voilées des ténèbres lointaines. La Mer au loin était calme, silencieuse du chuchotement des vagues. Sa quête de réponses attendra, se disait-elle.
Elle se tenait grande, blanche et belle. Neige gardait un œil attentif aux alentours, et semblait-elle aussi à l’écoute de la femme elfe.
« Le pays de l’éternelle lumière stellaire est en vérité empli de périls, et il y a en lui maints endroits sombres ; mais il y en a encore beaucoup de beaux, et quoique dans tous les pays l’amour se mêle maintenant d’affliction, il n’en devient peut-être que plus grand. »
Elle ressentait, comme tant d’autres, l’ombre et la flamme s’étendre de nouveau. L’Amour des Elfes pour leur terre et leurs œuvres est plus profond que les profondeurs de la Mer ; leur regret est impérissable et ne saurait jamais être entièrement apaisé.
« Certains d’entre nous chantent que la Légion se retirera et que la paix reviendra. Je ne crois pourtant pas que le monde qui nous environne redevienne jamais ce qu’il était jadis. De tout temps, nos ennemis furent légion, et seule demeure la lumière d’Elune. » puis elle leva ses bras blancs et tendit les mains vers la Lune. La Dame Blanche, la plus aimée des Elfes de la nuit, scintillait, claire, au-dessus d’elle. Elle était si brillante que la forme de la femme elfique jetait une faible ombre sur le sol. Les rayons jouaient sur un pendentif qu’elle avait au cou ; celui-ci étincelait comme de l’or poli recouvert de lumière argentée, comme si la Déesse était descendue se poser pour orner le cou de la femme vêtue de blanc. Elle observait la Dame céleste, pensive et lointaine, comme le faisaient les premiers nés parmi les Elfes.
Les Kaldorei étaient restés aveugles face aux signes du Destin. Les conflits de ce monde, face à cette Horde barbare les avaient empêchés de voir. À présent, d’aucuns diront que ce pays de Kalimdor ne saurait être maintenu et défendu par des chants offerts aux arbres, ni même par les flèches des arcs elfiques.
« Par le passé, les Enfants des étoiles avaient réussi avec peine à bannir la Légion du monde, là où d’autres avaient échoué. Car la volonté de défendre leur terre demeurait la même qu’il y a dix mille ans, et ne saurait faiblir, il leur incombait d’agir pour empêcher l’Ennemi d’étendre son ombre, une fois de plus. » murmura-t-elle au vent, avant de s’en retourner vers le nord.